Je sais, ceci est un blog culinaire. Mais il y a des jours où on a vraiment autre chose en tête… Hier, aujourd’hui, sont de ces jours-là.
J’ai grandi dans une maison (ou plutôt deux maisons, mes parents étant divorcés) où on lisait beaucoup de presse écrite (et où on n’avait pas la télé). Le Monde et le Canard Enchaîné, et plus tard Libération, traînaient toujours sur la table du salon, ainsi que, parfois, Hara Kiri puis charlie Hebdo. J’ai lu du Wolinski et du Cabu quand j’avais une dizaine d’années déjà, ces gens-là font partie de mon enfance, de mon adolescence. Cela fait très longtemps que je n’ai pas lu un Charlie Hebdo, mais l’existence-même de ce type de journal est un signe essentiel de démocratie, de même que je n’accomplis pas un acte féministe en allant travailler, mais le féminisme est une base essentielle de ma vie (car sans lui je n’aurais jamais pu passer mon bac, faire des études scientifiques, avoir un poste à responsabilités). C’est dans cette optique-là que la phrase « Je suis Charlie » prend tout son sens.
Au delà de l’horreur de ce meurtre collectif, j’impute la boule au ventre que j’ai depuis hier d’une part au sentiment d’avoir perdu une partie intégrante de mon passé, mais aussi à ce sentiment d’impuissance face à un acte qui marque le triomphe de la barbarie, de l’obscurantisme et du fanatisme.
La mobilisation actuelle me redonne un peu d’optimisme, et je finirai cet article en citant ce très beau tweet lu dans un article du Temps (et qui fait bien sûr référence à la fameuse phrase de Charb « Je préfère mourir debout que vivre à genoux ») : « Ils voulaient mettre la France à genoux, ils l’ont mise debout ».