Au restaurant, à Turin ou à Lausanne

Voici une semaine pendant laquelle j’ai bien peu cuisiné, entre un week-end à Turin, une soirée « fruits de mer » avec des amis et un repas prévu de longue date dans la plus grande table de la région…

En cadeau, quelques photos de Turin, qui est une ville merveilleuse et sous-estimée, à trois heures et demie à peine de Lausanne en voiture :

Samedi soir, nous avons donc mangé à Turin, au Ristorante Solferino. Nous avons pris le menu « truffe blanche » : en entrée, un flan de légume arrosé de fromage fondu, en primo, les traditionnels tajarin au beurre, et en plat principal, un « œuf croquant » à la crème de fromage, le tout très généreusement recouvert de lamelles de truffe blanche au moment du service. C’était très classique, très bon.

 

Dimanche à midi, à côté de la Mole Antonelliana, nous avons trouvé un petit restaurant sans prétention et excellent : la Trattoria Da Camisa. J’y ai mangé d’extraordinaires agnolotti de bourrache au beurre et au thym, suivis de trippa alla canavesana, des tripes mijotées aux légumes et aux haricots borlotti, sans tomates, délicieuses (et arrêtez de faire des grimaces là-bas au fond, les tripes ce n’est pas une horreur, c’est de l’estomac de ruminant, ça permet d’utiliser toute la bête au lieu d’en jeter la moitié bêtement, et c’est dé-li-cieux !).

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Dimanche soir, au lieu de nous lancer dans les traditionnels embouteillages du dimanche après-midi sur l’autoroute Martigny-Lausanne, nous avons mangé à Martigny, au restaurant La Vache qui Vole, qui est toujours excellent. J’avais envie de marée, j’ai donc pris en entrée 6 huîtres Marennes d’Oléron N°2, et en plat, une très belle assiette de poissons crus, composée de :

  • Coquille Saint-Jacques avec dip wasabi-mangue
  • Sashimi de royal de saumon
  • Sashimi de cœur de filet de thon rouge
  • Carpaccio de filet de loup de mer au citron vert et à la coriandre
  • Bouquet de mesclun

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Et nous avons eu bien raison, la route était libre et dégagée après le repas !

Lundi soir, j’ai grillé des steaks de veau et les ai servis avec des pommes de terre sautées et des épinards au beurre.

Mardi soir, j’ai fait des pennes à la ‘nduja (oignon sauté, ‘nduja, sauce tomate, le tout mijoté une vingtaine de minutes), bien piquantes et fameuses.

Mercredi soir, nous avions convenu de faire une soirée « mer » avec des amis. J’ai donc pris un plateau de fruits de mer « Grand-Chêne » à la Brasserie du Grand-Chêne : des huîtres, des bulots, des bigorneaux, des crevettes roses, des crevettes grises, du tourteau, etc. – bref, le bonheur pour moi qui adore ce genre de chose et qui vis avec trois hommes qui n’aiment pas les coquillages crus ! Pour une fois j’ai pris un dessert, un baba au rhum bien arrosé.

Jeudi soir, j’ai servi des tagliolini aux artichauts frits et à l’ail.

Vendredi soir, nous avons fêté mon anniversaire (qui est passé depuis longtemps, mais réserver une table un soir de fin de semaine dans ce restaurant n’est pas une mince affaire) au Restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier (plus connu sous le nom de Violier). Voici le menu :

Je n’ai pris aucune photo, j’avais juste envie d’être pleinement là, de profiter de l’endroit, du moment, de ce repas d’exception. Je ne vais pas non plus le commenter pas à pas – comment décrire l’excellence absolue ? Parfait équilibre des goûts et des textures, présentation superbe, quantités bien dosées, et tout ce qu’il y a autour : le service, attentif et chaleureux, jamais guindé, le rythme, ni trop rapide ni trop lent, le décor, clair et lumineux. Eh oui, parfois, la perfection existe…

Nous avons bu un Champagne millésimé 1997 avec ce repas, un Francis Boulard « Comète Hale-Bopp » fantastique, avec une touche d’oxydation et une belle amplitude qui le rendaient apte à se mesurer avec tous les plats.

Living Well is the Best Revenge

2015-11-21 16.51.11 Pater noster
Jacques Prévert

Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la trinité
Avec son petit canal de l’Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son Océan Pacifique
Et ses deux bassins aux Tuileries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-même d’être de telles merveilles
Et qui n’osent se l’avouer
Comme une jolie fille nue qui n’ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Aves leur tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons.

2015-11-21 16.52.29

Je n’ai pas écrit depuis un moment sur ce blog – au moment où je me préparais à le faire, il y a bientôt deux semaines, les horreurs des attentats de Paris se sont déchaînées, et il m’a semblé si futile, si… peu important de raconter des histoires de repas et de bon petits plats ! Je suis restée un moment dans cet état de presque sidération, et puis, la vie reprend ses droits, et de plus, comme le dit le titre de ce billet, « Living Well is the Best Revenge » (« Vivre bien est la meilleure des vengeances », citation souvent attribuée à George Herbert, mais dont la paternité semble douteuse – peu importe, c’est une phrase que j’ai toujours aimée et qui sonne si juste en ce moment !). En cadeau pour se souvenir de la beauté des choses, ces deux photos du ciel du Piémont à la tombée du jour, et ce poème de Prévert que je sais presque par coeur (en tout cas le début) depuis mes 15 ans et qui tombe à pic…

Voici donc un petit méli-mélo de ce que j’ai cuisiné ces dernières semaines, un peu dans le désordre.

Vite fait, et très réconfortant par ce soudain temps glacial, une belle pasta e fagioli.

Avec une truffe blanche en importation directe d’Alba (car nous avons passé un beau week-end gastronomique dans le Piémont), des tajarin à la truffe blanche – beaucoup de beurre, beaucoup de Parmesan, beaucoup de truffe, miam !

Une toute simple salade de pois-chiches au thon avec sauce au yaourt et au curry (une improvisation libre, et bien réussie).

Un repas indien, avec en apéritif un cocktail Bombay Fizz (Prosecco et jus de mangues, pas convaincant, tirée d’un livre de cuisine végétarienne indienne que j’aime pourtant beaucoup – et en fouillant le web je me suis rendu compte que le Bombay Fizz traditionnel n’a rien à voir avec ça !), puis une salade d’épinards sauce cacahuètes délicieuse (du livre d’Anjum Anand Indian Food Made Easy), en plat un curry de lotte et joues de cabillaud (du même livre) et du riz basmati, puis, en dessert, un étonnant et très réussi halwa de potimarron. A noter que j’ai remplacé les tomates de la salade par des mangues vertes, les tomates fraîches étant totalement insipides en cette saison, et la mangue verte constituant une substitution très agréable.

Ma recette préférée de ce livre de Ken Hom, du riz gluant au poulet et aux saucisses, pour laquelle j’utilise les savoureuses (et piquantes !) saucisses thaï à la citronnelle que je trouve chez mon épicier vietnamien.

Le kale (aussi appelé chou nordique ou chou plume) est à la mode, ça tombe bien j’adore ça (et savez-vous que le chou noir utilisé traditionnellement dans la ribollita Toscane est une sorte de kale ?) – du coup j’ai fait une excellente salade de kale et d’épeautre, tirée de ce numéro de Cuisine et vins de France (CVF pour les intimes).

Un caldo verde (soupe au chou vert et chorizo) succulent (ça aussi ça réchauffe !), du même numéro de CVF.

Une pastilla de poulet (indécoupable mais délicieuse, encore une recette du CVF de novembre), accompagnée d’une salade tiède de carottes cuites au cumin et au jus de citron.